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Interview Luca Pession, Directeur général adjoint, DGEP

Luca Pession
Directeur général adjoint, DGEPe

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours professionnel ?

Je m’appelle Luca Pession. Depuis le premier avril 2024 j’occupe le poste de Directeur général adjoint en charge de la pédagogie à la DGEP.
À la suite de mes études en gestion d’entreprise à l’Université de Fribourg et après un bref passage dans l’économie privée, j’ai commencé mon activité d’enseignant d’économie et droit en maturité professionnelle à l’école professionnelle artisanale et industrielle à Fribourg. Dans la même école, j’ai ensuite occupé le poste de doyen en charge de la maturité professionnelle.
A 33 ans j’ai eu l’opportunité d’être désigné Directeur de l’école professionnelle commerciale de Fribourg, école bilingue (français et allemand) avec environ 1300 apprenti.e.s issu.e.s du domaine commercial.

Dans le cadre de mes fonctions, j’ai eu la chance de participer à divers projets au niveau cantonal et fédéral et de présider la conférence suisse des écoles professionnelles commerciales ainsi que la Table ronde des écoles professionnelles. Au niveau fédéral j’ai participé à la création des nouvelles ordonnances de formation des gestionnaires du commerce de détails, des employés de commerce et de la maturité professionnelle. En outre, j’ai participé activement à la mise en place des mesures d’accompagnement de la mise en œuvre de ces réformes, en collaborant étroitement avec la commission romande d’évaluation des moyens d’enseignement, la haute école en formation professionnelle et les OrTra (Organisation du Monde du travail) concernées.
Au niveau cantonal, j’ai œuvré dans plusieurs projets de mise en œuvre de l’éducation numérique ainsi que de développement d’environnements d’apprentissage.

 

La DGEP mène actuellement un programme d’implémentation de l’éducation numérique au secondaire II. Quels sont ses apports pour la pédagogie ?

Le programme vise à moderniser l’enseignement postobligatoire en intégrant les technologies numériques dans les pratiques pédagogiques. Cette initiative a pour objectif de préparer les élèves aux défis du monde numérique tout en soutenant les enseignantes et enseignants dans cette transition.
Dans le cadre de ce programme, un catalogue d’applications a été initié pour mettre à disposition des ressources pédagogiques numériques telles que la suite Adobe, Compilatio, Kahoot, Quizlet, Cairn, etc. (voir www.Eduvaud.ch) Ce catalogue est conçu pour offrir aux enseignants un accès facile et centralisé aux outils les plus pertinents pour enrichir leurs pratiques pédagogiques. Nous continuerons à améliorer ce catalogue avec de nouvelles applications, en tenant compte des retours et des besoins exprimés par le corps enseignant.
Nous investissons également beaucoup d’efforts dans la formation à l’éducation numérique. Un programme de formation et d’accompagnement renforcé sera mis en place pour aider le personnel enseignant à utiliser efficacement ces outils numériques. Cela inclut de la formation continue mais aussi de la formation par les pairs et un soutien des coordinateurs pédagogiques de la DGEP pour répondre aux questions.
L’objectif est de créer un environnement d’apprentissage dynamique et adapté aux besoins des élèves, tout en soutenant les enseignantes et enseignants dans leur évolution professionnelle face aux nouvelles technologies.

Quels avantages pensez-vous que l’éducation numérique apporte aux enseignant.e.s et aux élèves ?

Le numérique n’est pas une fin en soi mais un outil pédagogique complémentaire aux méthodes traditionnelles. L’objectif est de fournir au corps enseignant et aux élèves des moyens supplémentaires pour enrichir l’apprentissage. Chacun est libre d’intégrer les outils numériques de manière flexible et adaptée à ses propres méthodes pédagogiques et aux besoins spécifiques de ses élèves.
En tant qu’ancien enseignant, je pense que l’intégration de ces outils numériques dans les cours peut offrir une variété d’approches pédagogiques et améliorer l’engagement et l’efficacité de l’apprentissage pour les élèves.
Par exemple, la préparation des cours et la différenciation pédagogique peuvent être facilitées grâce à une vaste gamme d’applications pédagogiques numériques. Des plateformes comme Moodle permettent notamment de partager des exercices, des quiz et des vidéos éducatives.
Les outils numériques répondent également mieux aux besoins individuels des élèves en proposant des activités adaptées à leur niveau et à leur rythme d’apprentissage.
Les élèves peuvent aussi être plus engagés lorsqu’ils utilisent des outils numériques interactifs. Des applications comme Kahoot et Quizlet rendent les révisions plus ludiques et dynamiques.
Bien accompagnée, l’utilisation des outils numériques aide les élèves à développer des compétences essentielles pour le 21ème siècle, telles que la recherche d’informations, la collaboration en ligne et la maîtrise des logiciels courants.

On parle beaucoup d’intelligence artificielle (IA) et des impacts sur l’enseignement. Ce sujet est-il discuté au sein de la DGEP ?

L’IA s’est développée à une vitesse spectaculaire ces dernières années, transformant de nombreux secteurs, y compris celui de l’éducation. Les avancées en IA promettent d’apporter des changements significatifs dans la manière dont l’enseignement est dispensé et personnalisé.
Nous sommes conscients que l’intégration de l’IA dans l’enseignement peut susciter des inquiétudes et du stress. Pour répondre à ces préoccupations, nous proposerons aux établissements, dès cette année, un programme de formations spécifiques.
Par ailleurs, avec l’essor de l’IA, les possibilités pour les élèves d’utiliser ces technologies pour leurs devoirs et examens augmentent, ce qui soulève des questions d’équité, d’intégrité académique et de véritable apprentissage.
Nous avons donc lancé un groupe de travail chargé d’élaborer des règlements spécifiques qui guideront l’utilisation de l’IA dans le cadre scolaire. L’objectif est de garantir que ces outils soient utilisés de manière éthique et responsable, tout en assurant que les élèves développent leurs propres compétences et connaissances de manière authentique et renforcent leur sens critique face à l’IA pour qu’ils puissent l’utiliser avec discernement.